Origine et histoire du Château de Mayenne
Le château de Mayenne, ancien palais carolingien remanié à plusieurs reprises, domine la ville de Mayenne depuis un affleurement granitique au sud-est du centre. Il s'élève au-dessus de la Mayenne sur sa façade sud‑est et l'éperon est bordé au nord par le ruisseau Danube, qui alimentait autrefois les douves et est aujourd'hui canalisé et souterrain. Construit pour contrôler l'un des axes reliant le Maine à la Bretagne, entre Alençon et Fougères, il s'inscrit dans une position stratégique à la limite du Maine, de la Bretagne, de l'Anjou et de la Normandie. Des fragments de poterie de l'Antiquité tardive montrent une occupation ancienne du site, puis un édifice en bois à plusieurs étages semble avoir été installé dès le VIIIe siècle pour protéger un gué sur la Mayenne. Reconstruit en pierre vers 900, le logis primitif comprenait une grande salle, une tourelle d'escalier et une tour carrée, cette dernière réutilisant des pierres de la forteresse romaine de Jublains. Après des attaques bretonnes au IXe siècle, les remparts furent refaits en pierre et le château acquit un rôle militaire affirmé au service du pouvoir carolingien. La seigneurie passa ensuite aux barons de Mayenne, qui s'opposèrent à Guillaume le Conquérant ; en 1063 le château fut pris et incendié par le duc de Normandie. Aux XIIe et XIIIe siècles, le logis fut surélevé, une basse‑cour et une muraille à tours furent aménagées, un châtelet percé et un donjon circulaire édifié, tandis que les seigneurs, souvent absents, poursuivirent l'embellissement des bâtiments. À la fin du Moyen Âge le château perdit sa fonction résidentielle mais conserva une importance stratégique : pendant la guerre de Cent Ans il fut occupé par les Anglais à deux reprises (1361‑1364 et 1425‑1448), puis réadapté pour l'artillerie avec la création d'une terrasse et d'aménagements défensifs. Entré dans les possessions de la maison de Lorraine à la fin du XVe siècle, le titre de la baronnie évolua ensuite en marquisat puis en duché ; Charles II de Lorraine y joua un rôle pendant les Guerres de Religion avant de se soumettre au pouvoir royal, et le château passa sous contrôle royal à la fin du XVIe siècle. Privé d'intérêt stratégique, il fut arasé partiellement dès le XVIIe siècle, ses tours démantelées et plusieurs bâtiments détruits. Au XVIIIe siècle il fut transformé en prison, une halle aux toiles fut aménagée dans la cour et l'étang des douves à l'ouest fut asséché. Au XIXe siècle, après des ventes et des remaniements destinés à accroître la capacité carcérale, le site conserva diverses fonctions publiques, la halle servant un temps de théâtre. La prison ferma dans les années 1930 et le château devient alors propriété municipale. Des travaux entrepris en juillet 1993 mirent au jour des arcades en brique et des voussures d'inspiration gallo‑romaine dissimulées sous enduit, conduisant à des sondages établissant une origine carolingienne pour des structures élevées sur trois niveaux. Cette rare conservation de bâtiments civils et militaires carolingiens valut au site d'être reconnu d'intérêt national et de faire l'objet de fouilles approfondies menées entre 1996 et 1999, qui confirmèrent une construction de pierres attribuée vers l'an 900. À partir de 2000 la ville engagea un projet de mise en valeur des architectures carolingiennes et relança le musée consacré à l'histoire locale et aux collections médiévales; le musée du château, signé par l'architecte Philippe Madec, a ouvert le 21 juin 2008. Le château est inscrit au titre des monuments historiques par arrêté du 19 novembre 1927 et constitue, dans la région des Pays de la Loire, un site archéologique d'intérêt national présentant un palais carolingien conservé sur trois niveaux, encadré par des élévations défensives du XIIIe siècle dont subsistent des tours cylindriques et une enceinte. Aux pieds du château on trouve la mention de moulins attestés dès le XIIIe siècle, détruits à la fin du XIXe siècle lors des travaux de canalisation de la Mayenne. Les collections permanentes du musée sont axées sur les découvertes issues des fouilles menées sur le site.